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Enquête électorale : 51 % des sondés favorables à la démission du président de la République, un symptôme de la radicalité ambiante

Interrogés, au cœur de l’été, dans le cadre de la dernière enquête électorale d’Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, réalisée du 26 juillet au 1er août, les Français sondés sont très partagés sur la possibilité d’une démission d’Emmanuel Macron dans le contexte de crise politique actuel : 51 % y sont favorables, 49 % n’y sont pas favorables.
Et pourtant, cette demande de démission est dans l’air du temps et certains la réclament à cor et à cri : La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon ont même annoncé la mise en œuvre d’une procédure de destitution ; dès fin juin, Marine Le Pen estimait qu’il ne resterait au président de la République que « la démission pour sortir potentiellement d’une crise politique »…
Pourtant, rien ne contraint le chef de l’Etat à démissionner : la durée de son mandat l’amène jusqu’à son terme, en 2027 et, si son camp est le perdant des dernières élections législatives, il a la possibilité de cohabiter avec une nouvelle majorité qui, pour l’instant, ne parvient pas à se dégager et lui offre un répit de temps dont il tend à abuser.
En tout cas, du côté des électeurs, il n’y a pas, en dépit de l’impopularité de l’hôte de l’Elysée (53 % des sondés ne sont pas satisfaits de son action en tant que président de la République, 15 % sont satisfaits, 32 % étant ni l’un ni l’autre), de demande irrésistible de démission. Sous la Ve République, jamais un président – même touché par des impopularités record – n’a démissionné sous la pression des injonctions de la rue ou des salles de rédaction.
Seul le général de Gaulle avait choisi la démission à la suite du non au référendum, qu’il avait proposé le 27 avril 1969 aux Français, sur la réforme de la régionalisation et du Sénat. La lecture plébiscitaire qu’il avait du référendum l’avait poussé à prendre cette décision. En 2024, la situation est très différente : les élections législatives n’ont pas la dimension de « question de confiance » que peut avoir le référendum, ce ne sont pas à proprement parler des « élections nationales » dans la mesure où les Français ont voté pour des candidats dans 577 circonscriptions et non dans le cadre d’une circonscription nationale.
Ni François Mitterrand en 1986 ou 1993, ni Jacques Chirac en 1997 n’ont envisagé de démissionner à l’issue d’élections législatives perdues par leur camp. En 2024, la défaite du camp présidentiel est même nettement moins sévère que ne l’a été la défaite du camp socialiste en 1993 : le Parti socialiste n’avait réussi qu’à obtenir un maigre groupe de 57 députés, le Parti communiste en préservant 23 ; cette fois-ci, Renaissance a obtenu 99 députés et ses alliés du MoDem et d’Horizons respectivement 36 et 31. On comprend donc que l’électorat soit partagé sur la perspective d’une démission du président de la République. Cependant, les partisans d’une démission-sanction constituent une importante légion qui a une envie pressante de tourner la page du macronisme.
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